Le parasitisme représente un véritable défi pour l’élevage ovin. Les pertes économiques associées au parasitisme, notamment Haemonchus contortus, sont significatives, avec une prévalence élevée dans différentes régions.

Initialement considéré comme un parasite des zones tropicales et subtropicales en raison de ses préférences climatiques, Haemonchus a désormais émergé dans des régions plus froides. SuperVet vous explique comment ce parasite du mouton s’y prend pour contaminer vos animaux et vous présente des solutions naturelles pour le contenir.

Comment se passe la contamination à Hamonchus Contortus ?

La contamination par Haemonchus contortus chez les moutons se produit principalement par l’ingestion d’œufs ou de larves infectieuses présents dans l’environnement. Elle peut se faire de différentes façons :

  1. Via les larves de strongles ayant résisté dehors à l’hiver. Des expériences de conservation à 4°C pendant 16 mois n’ont montré aucune différence avec des larves fraîches dans la vitalité et même une ponte plus importante après conservation au froid qu’au sec et chaud.
  2. Par les adultes qui, lors de la sortie, contaminent la prairie via les larves en hypobiose qui se réveillent.
  3. Les agneaux nés à la sortie de l’hiver deviennent vite des multiplicateurs de parasites.
  4. Les brebis qui viennent d’agneler ou vont agneler ont une immunité plus faible. On appelle Periparturient Egg Rise le pic d’excrétion d’œufs de strongles à la mise bas (quatre semaines avant et quatre semaines après).

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Symptômes des maladies des moutons

Les symptômes peuvent varier en fonction du degré de l’infestation, de l’âge des moutons et de leur état de santé général. Certains signes sont néanmoins plus évocateurs que d’autres en ce qui concerne Haemonchus Contortus :

  • Bouteille (œdème sous la mâchoire inférieure) : ce symptôme est le plus flagrant, mais apparaît tardivement et il peut aussi être un signe de douve.
  • Anémie: dès l’entrée dans la muqueuse de la caillette, les larves se nourrissent de sang (jusqu’à 0,05 mL/jour/larve). Sachant qu’une infestation moyenne à Haemonchus implique environ 5000 larves actives, l’animal perd jusqu’à 250 mL de sang chaque jour (environ 4% de son sang pour un adulte et bien plus pour un jeune agneau ou chevreau).
  • Pertes ou stagnation du gain moyen quotidien (GMQ) : une baisse d’ingestion est souvent le premier signe d’une infestation parasitaire.

Diagnostiquer un parasite du mouton

Plusieurs méthodes de surveillance et de test aident au diagnostic d’Haemonchus contortus.

  • Test FAMACHA: il est un moyen visuel d’évaluer l’anémie chez les moutons en examinant la couleur des muqueuses conjonctivales (à l’intérieur des paupières). Plus la couleur est claire, plus l’anémie est importante et plus l’infestation est grave.
  • Coproscopie: les tests coprologiques, comme la technique de flottation, permettent de détecter la présence d’œufs de parasites dans les fèces. Les œufs d’Haemonchus ne sont cependant pas toujours facilement détectables et ce test peut manquer des infestations légères.
  • Autopsie: dans les cas graves, une autopsie peut confirmer la présence de parasites adultes dans l’estomac. Même si on n’aime pas en arriver là, il vaut mieux autopsier vite lors des premières pertes plutôt que d’attendre les résultats de laboratoires et mettre le reste du troupeau à risque.

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Traitements contre Hamonchus et autres strongles

Plusieurs classes d’antihelminthiques, notamment les Benzimidazoles, les Imidothiazoles, les Salycilanilides et les Lactones macrocycliques, sont théoriquement efficaces contre les strongles. Cependant, la résistance aux antihelminthiques est devenue un problème préoccupant, en particulier pour Haemonchus. Ces résistances ont ainsi été observées chez les ovins et les caprins dans de nombreux pays, apparaissant souvent moins de 10 ans après la mise sur le marché des molécules. Même la dernière molécule introduite sur le marché, le Monepantel, a connu des cas de résistance en Uruguay dès 2014.

Facteurs favorisant les résistances d’Haemonchus

  • Utilisation systématique de la même molécule
  • Sous-dosage
  • Pour On
  • Molécules longue action
  • Traitement sans laisser une population de vers refuge
  • Introduction d’animaux porteurs de strongles résistants sans quarantaine et traitement

De l’importance d’un traitement ciblé

La résistance croissante des strongles aux diverses classes d’antihelminthiques crée des défis pour la gestion parasitaire en élevage. Cette situation est compliquée par les effets des molécules sur l’entomofaune, essentielle pour le sol et la décomposition des fèces, d’autant que les traitements peuvent par persister dans les excréments jusqu’à quatre mois.

Une approche rigoureuse est nécessaire pour utiliser ces molécules de manière efficace : la coproscopie préalable au traitement et le Test de réduction d’excrétion fécale (TREF) après sont recommandés, tout comme la pesée, le Famacha et la gestion ciblée en fonction de l’âge et du poids. Un traitement ciblé maintient une population de parasites “refuge” non résistants, retardant l’émergence de la résistance. Respecter les posologies, éviter les formulations à action prolongée et mettre les animaux en quarantaine lors des introductions sont autant de bonnes pratiques à adopter.

Solutions naturelles contre les parasites du mouton

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Des alternatives aux antihelminthiques existent

Plantes à tanins

L’influence des plantes riches en tanins sur le parasitisme est établie. Les tanins ont trois actions principales :

  1. Ils se lient aux protéines alimentaires, améliorant leur absorption et favorisant ainsi la croissance et l’immunité.
  2. Ils empêchent les parasites d’accéder aux protéines destinées à l’hôte.
  3. Ils agissent sur la cuticule des larves et l’éclosion des œufs.

Pour être efficaces, les tanins doivent néanmoins représenter au moins 4% de matière sèche ingérée, ce qui peut être difficile à atteindre. Bien qu’ils aient un effet antiparasitaire lors du pâturage intensif de plantes riches en tanins pendant plus de 10 jours, leurs niveaux varient en fonction du terroir et d’autres facteurs. Les recherches en phytothérapie explorent diverses pistes, mais les résultats varient entre les élevages.

Gestion du pâturage

Le pâturage tournant dynamique, impliquant un déplacement des animaux toutes les 24 à 48 heures, limite le temps nécessaire aux larves L3 pour éclore, tandis que des intervalles de pâturage de trois semaines ou plus élimine 80% des larves. La fauche entre les pâturages contribue également à réduire la pression parasitaire.

L’entomofaune joue un rôle essentiel, car les insectes coprophages, tels que les bousiers, détruisent les crottes, exposant les larves à la chaleur et réduisant la charge parasitaire jusqu’à 50%. Le pâturage mixte peut limiter les résistances, et l’utilisation de particules d’oxyde de cuivre montre des effets prometteurs sur les parasites tels que Haemonchus.

La prudence concernant la toxicité potentielle du cuivre chez les moutons est nécessaire, cependant l’oxyde de cuivre est peu absorbé par l’intestin (par rapport au sulfate). L’intoxication par accumulation au niveau du foie est donc relativement faible avec les COWP.

Immunité

Maintenir un statut adéquat en iode, sélénium, zinc, cuivre, cobalt et manganèse, ainsi que des niveaux appropriés de vitamines, notamment la vitamine A, favorise l’immunité du troupeau. La complémentation des brebis et des jeunes agneaux/chevreaux peut donc être économique et bénéfique. Certaines races semblent également plus résistantes à Haemonchus, tout comme, plus généralement, les femelles. L’âge joue aussi un rôle, les jeunes ayant une immunité limitée. La génétique semble donc influencer la résistance au parasitisme, bien que des mécanismes de résistance puissent émerger avec le temps. Une baisse d’immunité autour de la mise bas, appelée Preparturient Relaxation of Immunity, a été observée et attribuée à des besoins énergétiques accrus.

Conclusion

Il existe des moyens de prévention et de traitement contre les parasites du mouton. Néanmoins, la base de la gestion du parasitisme reste et restera la surveillance : pesée, GMQ, palpation, Famacha, Dag score, Disco (toutefois inutile avec Haemonchus) et coproscopie notamment.

Ces outils ne sont pas parfaits mais ce sont ceux dont on dispose aujourd’hui.

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