LA MHE Maladie Hémorragique Epizootique – Une maladie virale émergente
Les premiers foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE ou EHD pour « Epizootic haemorrhagic disease ») ont été déclarés en France en septembre 2023 dans des élevages de bovins du sud-ouest.
Cette maladie infectieuse due à un virus est transmise exclusivement par des moucherons du genre Culicoïdes, les mêmes que ceux de la fièvre catarrhale ovine (FCO)
Quels animaux sont atteints et qui est le vecteur ?
Elle touche les cervidés mais aussi les bovins (particulièrement sensibles à certains sérotypes), chez lesquels elle peut causer une atteinte fébrile de l’état général – température élevée – associée à une stomatite – inflammation des muqueuses de la bouche et des boiteries.
L’infection des ovins, caprins et camélidés est généralement inapparente.
Ce virus n’affecte pas l’Homme.
Le virus responsable appartient à la même famille que celui de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et est transmis par les mêmes insectes , les culicoïdes, petits moucherons noirs qui volent en nuage le soir et vous piquent la tête au fond du jardin !
La maladie est saisonnière, liée à la période d’activité des culicoïdes femelles, qui se nourrissent de sang. Le virus se multiplie dans les culicoïdes adultes et le facteur de multiplication est de1000 . Les virus se concentrent ensuite dans la salive de ces femelles adultes et la transmission se fait lors de la piqûre.
Les culicoïdes ne transmettent pas que la MHE mais aussi la FCO et une cinquantaine d’autres virus …Et représentent donc un risque sanitaire majeur car il sont présents sous tous les types de climats, de la Finlande aux Tropiques en passant par les Etats Unis et l’Europe.
Les femelles se nourrissent de sang plutôt au crépuscule et pendant la nuit. La salive est allergisante et provoque chez les chevaux la dermatite estivale.
Les culicoïdes aiment les milieux humides ou des milieux avec des végétaux pourrissants – marais etc mais aussi dans les bois.
Ils ne volent pas très loin – 500 m – d’eux même . Mais ils sont transportés par le vent – jusqu’à 700 km – ce qui leur a permis de traverser la Méditerranée de l’Afrique du Nord à l’Espagne où ils furent découverts pour la première fois dans les années 1960 .
Les culicoïdes aiment le chaud et commencent leur activité vers 13°C jusque 35 °C , avec une température idéale de 24°C. Mais il a été démontré que le risque de transmission du virus de la FCO par les Culicoïdes était la plus importante avec des températures entre 25 et 30°C .Mais il leur faut aussi de l’humidité. C’est pourquoi ils apparaissent au printemps après les périodes avec le plus de précipitations. Trop de pluie n’est pas bon non plus pour eux et les larves ne survivent pas dans le sol en cas de précipitations trop importantes.
C’est donc une maladie du printemps-été-automne, susceptible de toucher tous les animaux, en particulier ceux qui ne sont pas confinés à l’intérieur : pâture, parcours extérieur, bâtiment ouvert ou semi-ouvert.
Beaucoup de facteurs sont à prendre en compte pour la prévention et la surveillance de l’extension des culicoïdes. Une formule permettant de calculer la capacité vectorielle de transmission des virus par la culicoïdes a même été mise au point.
Avec le réchauffement climatique, c’est dire l’importance qu’il faut porter à ce petit insecte.
QUAND EST ELLE APPARUE EN FRANCE ?
En Octobre 2022 la MHE circule en Espagne, au Portugal ,en Sicile et en Sardaigne.
Le 18 Septembre 2023 , le laboratoire de l’ANSES à Maisons Alfort confirme la présence de la MHE dans 3 élevages des Pyrénées- Altaltique et les Hautes Pyrénées .
Fin 2023 , la maladie se propage vers d’autres départements de la côte altantique et jusqu’au Massif Central.
SIGNES ET MORBIDITE
Les signes liés à la MHE ressemblent à ceux de la FCO :
Abattement, manque d’appétit, prostration, chute de lait.
Hyperthermie variable.
Congestion du mufle (coloration rouge à brunâtre) et apparition de croûtes (trayons parfois touchés aussi)
Ecoulement nasal fréquent, avec des croûtes au niveau des naseaux
Salivation: la vache bave ou présente un peu de mousse au niveau de la bouche
Prolapsus lingual (langue qui pend comme un chien)
Erosion sur le bourrelet incisif sous la forme d’un placard blanchâtre
Erosions/ulcères/croûtes au niveau de la mamelle
Atteinte oculaire : yeux peuvent être rouges, parfois légèrement fermés, avec écoulement possible , gonflés
Parfois de la diarrhée avec du sang – Entérite hémorragique
Difficulté ou lenteur au déplacement, boiterie d’un ou plusieurs : œdème de la couronne, des pâturons, boulet et jarret
La morbidité – nombre d’animaux malades dans un cheptel positif – est très variable , de 0 à 40 animaux touchés dans un cheptel avec une médiane de 13% .
La mortalité serait comprise entre 0 et 10% chez les adultes, mais des élevages ont subi des pertes plus importantes que cela, surtout chez les plus jeunes.
TRAITEMENT ET PREVENTION
Il n’existe pas non plus de traitement spécifique car c’est une maladie virale . Les traitements administrés par les vétérinaires viseront à réduire les symptômes et la douleur.
- Antipyrétiques – pour faire baisser la fièvre -anti inflammatoires contre l’inflammation des muqueuses et la douleur
- Supplémentation en vitamines et oligo-éléments pour stimuler l’immunité et limiter la propagation du virus
- Réhydratation (perfusions, drenchage) car les animaux , par les lésions dans la bouche , hésitent à s’abreuver et de ce fait se deshydratent.
- Distribuer des fourrages faciles à ingérer …plus facile à dire qu’à faire – Herbe coupée ?
- Eventuellement des anti-infectieux – antibiotiques- en cas de surinfection des lésions mais ils n’agiront pas contre le virus
Il n’y a pas de vaccins à l’heure actuelle.
Prévention sanitaire recommandée par les GDS et autres organismes :
- Surveiller régulièrement les animaux
- Isolement et désinsectisation des animaux malades (virémiques).
- Protection renforcée contre les vecteurs en zone infectée. –
- Nettoyage et désinsectisation des moyens de transport des animaux.
- Pas d’introduction depuis la zone tampon (150km autour des foyer) sans mise en œuvre du protocole prévu
- Désinsectisation fréquente des animaux pour éviter autant que possible que les moucherons culicoïdes puissent piquer les animaux.Les produits habituels à base de pyréthrinoïdes peuvent être utilisés mais leur durée d’action contre ces moucherons culicoïdes est plus courte : 7 à 10 jours►liste de produits de désinsectisation
La désinsectisation des bâtiments et autres lieux de vie des animaux est inefficace : à proscrire.
La désinsectisation des moyens de transport est obligatoire pour les transports zone réglementée => zone non réglementée pour éviter l’extension de la maladie.
- Complémenter en amont en oligo éléments et vitamines, indispensables au soutien de l’immunité du troupeau
- EASI TRACE COMPLEMENT OLIGO ELEMENTS CHELATES+VITAMINES DIFFUSION LENTE DANS L’EAU- COMPATIBLE DISTRIBUTEUR PETA
QUE FAIRE EN CAS DE SUSPICION ?
Si les signes vous font penser à la MHE , prévenez rapidement votre vétérinaire.
Celui-ci réalisera un prélèvement de sang sur le ou les animaux suspects pour l’envoyer rapidement au laboratoire et infirmer ou confirmer la présence de MHE
Si des animaux sont déjà morts, sur le cadavre , le prélèvement de rate possible, conservé au réfrigérateur et envoyé au laboratoire agréé sous 8 jours
Le vétérinaire remplira également la fiche de commémoratifs à envoyer au laboratoire, la transmet par courriel à la DDPP et joint l’original avec le prélèvement au laboratoire .
Selon les recommandations de votre DDPP, n’hésitez pas à les informer du décès d’animaux confirmés MHE ou de l’évolution des symptômes après la déclaration de votre suspicion. Ceci concourt à une meilleure connaissance de la maladie et de son épidémiologie.
Sources : agricutlure.gouv.fr – Commission épidémiologie SNGTV- GDS France- Chambre d’Agriculture des Landes -Les Culicoides, Diptères hématophages vecteurs de la fièvre catarrhale du mouton Paul Perie, René Chermette, Yves Millemann, Stéphan Zientara
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