Votre panier est actuellement vide !
Bovins de première année de pâture : Faites un dosage Pepsinogène !
La surveillance de l’infestation parasitaire, afin d’optimiser les croissances, est primordiale lors de la première année de pâturage pour les jeunes bovins.
Les outils de mesures, pesée tous les mois et coproscopies régulières, sont bien connus.
Un autre outil est moins utilisé, pourtant facile à réaliser, alors que son intérêt en fin de saison de pâturage n’est pas à négliger : le dosage de pespinogène.
Explications sur ce paramètre sanguin et sur son intérêt en parasitologie bovine.
QU’EST-CE QUE LE PEPSINOGENE ?
Le pepsinogène est le précurseur d’une enzyme produite par les cellules de la muqueuse de la caillette, la pepsine . Le pepsinogène , largué dans la caillette après la production par ces cellules, se transforme ensuite en pepsine dans la lumière de la caillette sous l’effet de la température ( 37°C ) et de l’action de l’acide contenu dans cette même caillette, dernier estomac , et le plus acide, des ruminants. C’est dans la caillette, et grâce à la pepsine que se termine, avant le passage dans l’intestin, la digestion commencée dans les pré estomacs – rumen,réseau, feuillet. La digestion dans la caillette est une digestion enzymatique alors que dans les pré estomacs, on était sur une digestion microbienne.
Le pepsinogène est donc secrété par les cellules de la caillette. Or un parasite en particulier, l’Ostertagiose ( Ostertagia Ostertagi ) se niche dans la caillette. Effectivement , lors de son cycle, les larves L3 infestantes , présentes sur la prairie, sont ingérées par les animaux et vont se loger dans la muqueuse de la caillette pour effectuer leur mue en Larves L4 puis préadultes et enfin en adultes. Ces derniers sortent de la muqueuse mais se fixent sur elle dans la lumière de la caillette et se nourrissent de chyme ( bouillie formée par la masse alimentaire mélangée aux sécrétions des pré estomacs) et de sang.
Ce parasite entraîne donc par son cycle, des lésions de la paroi de la caillette. Et cela modifie la transformation du pepsinogène en pepsine dans la caillette. En effet les lésions sur les cellules productrices d’acide font que cet acide est moins présent dans la caillette. Or, le pepsinogène a besoin de cet acide pour se transformer en pepsine. Lors d’infestation par Ostertagia, comme il y a moins d’acide, il y a plus de pepsinogène présent dans la caillette. De plus ces parasites abîment la muqueuse et celle-ci devient plus perméable. En temps normal, le pepsinogène passe déjà en petite partie dans le sang. Du fait des lésions de la caillette et de la présence plus importante de pepsinogène lors d’infestation par Ostertagia, le taux de pepsinogène augmente dans le sang. Et c’est ce que l’on va mesurer !
DOSAGE DE PEPSINOGENE : COMMENT FAIRE ET INTERPRETATION
On a donc une augmentation du pepsinogène sérique – dans le sang- lors d’infestation par Ostertagia. Ce dosage est intéressant en fin de saison de pâture – Fin Novembre début Décembre voir Janvier – car à ce moment-là, normalement, les parasites présents pondent peu. Une coproscopie ne servirait alors pas à grand-chose, car on aurait des taux d’œufs par gramme faible alors que l’infestation pourrait tout à fait être élevée. Et si l’infestation est importante en fin de saison de pâture, elle peut déclencher une ostertagiose de type 2 sur les jeunes animaux : diarrhée très liquide, déshydratation, un poil piqué, une perte de poids +++ et œdème de l’auge… pas glop !!
On va donc pouvoir, par prise de sang et analyse au laboratoire, mesurer le taux de pepsinogène sur un lot et le corréler avec le niveau d’infestation parasitaire par Ostertagia dans la caillette. Une correspondance entre le taux de pepsinogène et le nombre de larves présentes dans la caillette a été établi par Kerboeuf en 1981 ( année mémorable rythmée par La danse des canards et la Salsa du démon pour les plus de 20 ans ) .
Des études récentes ont montré que le dosage de mélange était possible et fiable. Il faut prendre au moins 7 animaux dans le lot- quelque soit sa taille- mais avec un échantillon représentatif. On ne va pas prendre que les moches ! Dans cet échantillon, on choisira 2 animaux très beaux, 2 animaux très moches – maigres et poil piqué – et 3 animaux dans la moyenne. Ce dosage de mélange sera représentatif et moins coûteux qu’un dosage individuel, dont on fera en définitive la moyenne
KIT DOSAGE PEPSINOGENE BOVIN 7 ANIMAUX
La norme pour savoir si un traitement est « utile » se situe autour de 1750 Micro Unité Tyrosine. Ce qui correspondrait à une infestation entre 5000 et 19000 larves dans la caillette. Fourchette un peu large mais qui commence à avoir des conséquences sur la croissance des animaux.
A contrario, si les taux sont relativement bas, cela signifie plutôt que les animaux ont été en contact avec les parasites et ont développé une immunité efficace et qui leur servira la prochaine saison de pâture. ATTENTION, je parle d’animaux pâturant vraiment, c’est-à-dire au moins 8 mois de Temps de Contact Effectif (TCE) avec les parasites. Si les jeunes sont sortis à 6 mois de Mai à Octobre , le TCE ne sera pas suffisant et le taux de pepsinogène sera bas également mais ne reflétera pas le niveau immunitaire des animaux.
Une fois le résultat du dosage pepsinogène reçu, il faut prendre la décision de traiter ou non les animaux. Et comme avec la coproscopie, on va TOUJOURS corréler la décision de traitement avec la pesée ! Indispensable et pour moi obligatoire, sinon je suis colère !! L’investissement dans des barres de pesées devrait être la priorité de l’élevage des jeunes animaux en première et deuxième année de pâture. Aucune décision de traitement sans pesée. Point barre (de pesée, si si j’insiste).
QUEL MOLECULE CHOISIR SI BESOIN ?
Après pesée, je pense que vous avez compris, et lors d’un dosage de fin de saison de pâture, on privilégiera des molécules actives sur les larves L4 enkystées en hypobiose.
Le traitement avec des avermectines ou milbémycines en hiver est le moment le moins délétère pour l’entomofaune. On peut donc choisir, avec son vétérinaire, dans cette famille de molécule pour traiter les moches et sans GMQ après des résultats d’analyse de mélange supérieurs à 1750 µUTyr. Le choix est vaste entre les Ivomec, Virbamec, Dectomax, Zearl ,Cydectine. Mais TOUJOURS des injectables ! Les pour-on c’est caca !! Premiers responsables des résistances aux antiparasitaires. Et les longue action type Cydectine LA inutiles et également grands pourvoyeurs de résistances.
L’autre famille active sur les larves L4 enkystées est la famille des Benzimidazoles, qui comprend l’Albendazole ( Valbazen et Albex Gold) , l’Oxfendazole ( Oxfenil et Synanthic ), le Fenbendazole ( Panacur) . Ce sont tous des produits à donner voie orale. Donc comme pour tout vermifuge, bien peser les animaux (autre utilité de la balance) pour doser correctement ou se baser sur le plus lourd du lot. Bien enfoncer le pistolet drogueur derrière le frein de la langue, laisser les animaux à jeun 24 h c’est mieux. Et certains suggèrent de surdoser de 10% au vu des pertes quand l’animal recule,bave abondamment ou bouge la tête au moment où on drenche ( en même temps pas très agréable de sa faire administrer un truc de force … je n’imagine pas boire ma bière comme ça ! ) . D’où l’avantage d’une bonne contention avec lève tête en plus ! Gain de temps, de stress et de produit.
LE PEPSINOGENE EST DONC PERTINENT
Et oui, corrélé à la pesée – je suis un peu lourd là-dessus, c’est le cas de le dire – le dosage pepsinogène est intéressant.
En fin de saison de pâture, il permet de voir si les jeunes de première année sont encore porteurs de strongles digestifs qui pourraient resurgir en masse au printemps suivant et aussi causer des troubles digestifs ou des pertes de GMQ pendant l’hiver. Pertes de GMQ que l’on n’attribuerait pas aux strongles si les animaux sont à l’intérieur, et pourtant en cas d’infestation forte par Ostertagia, cela s’avère possible…
La seule légère difficulté du dosage pepsinogène est la réalisation des prises de sang. Mais soit vous demandez à votre vétérinaire de les réaliser, lors d’une visite ou lors de la prophylaxie par exemple, ou vous les faites vous-mêmes, aidez du lien vidéo ci-dessous, pour vous servir !!
Ce dosage nous permettra également d’estimer, pour les plus pâturants, toujours en corrélation avec la pesée mais aussi avec le Temps de Contact Effectif, si nos génisses de première année ont acquis une bonne immunité. Dans ce cas la gestion des 2° années de pâture en sera grandement facilité !
Alors n’hésitez plus, un dosage de pepsinogène dans la routine de gestion du parasitisme, c’est facile, efficace et économiquement valable.
Et un éleveur content et de belles génisses en sortie d’hiver, quoi de plus satisfaisant ?
KIT DOSAGE PEPSINOGENE BOVIN 7 ANIMAUX
SOURCES :
DIAGNOSTIC DE L’OSTERTAGIOSE CHEZ LES GENISSES LAITIERES EN FIN DE PREMIERE SAISON DE PATURAGE VIA LA MESURE DU NIVEAU DE PEPSINOGENE SERIQUE : REVISION DE LA STRATEGIE D’ECHANTILLONNAGE ET INTERET DU DOSAGE EN MELANGE- Mélanie Stéphanie Bernadette FRANGEUL
DIAGNOSTIC SÉROLOGIQUE DE L’OSTERTAGIOSE CHEZ LA VACHE LAITIÈRE EN NORMANDIE- Flore, Aude PIERRE
Le pepsinogène et la prochymosine des bovins : connaissances actuelles, applications et perspectives dans la stratégie de lutte contre les verminoses gastrointestinales SIDIKOU I.D.a,b, REMY B.a, HORNICK J.L.c, LOSSON B.d, DUQUESNOY N.a, YENIKOYE A.b, BECKERS J.F.
0 commentaire