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QUAND LE MERCOSUR NOUS SAOÛLE …
Petit article sans prétention ni démagogie en soutien aux agricultrices et agriculteurs en cette fin d’année 2024 …
QUAND LE MERCOSUR NOUS SAOÛLE …
Chère consomm-actrice, cher consomm-acteur
Comme tu le sais sûrement, Lundi les agriculteurs vont manifester et bloquer des axes routiers.
Et c’est pour la bonne cause. La leur, bien sûr, car on leur promet toujours monts et merveilles et rien ne vient, jamais. Mais la tienne aussi et la mienne car je suis comme toi , un consommateur qui tente d’être acteur de sa consommation.
En effet,avec les revendications sur les prix des produits, les aides non obtenues, l’accaparement du foncier pour les projets d’énergie « verte » ou par les gros groupes agroalimentaires, un autre sujet, très important ,est apparu depuis les dernières manifestations : LE MERCOSUR , Mercado Commun del Sur , abréviation espagnole du Marché Commun du Cône Sud , dont font partie l’Argentine,la Bolivie, le Brésil,le Paraguay, l’Uruguay . Zone de libre échange d’Amérique du Sud, où les frontières et les droits de douanes n’existent plus, et dont la politique commerciale extérieure est commune à ces 5 pays. Comme tu connais notre marché commun européen, tu as compris le principe.
Qui dit MERCOSUR dit Brésil !
C’est un énorme marché – 300 millions de consommateurs potentiels- quatrième bloc économique de notre planète. De ces 5 pays, le Brésil est le plus gros producteur agricole : premier exportateur mondial de sucre, de soja, de café, de jus d’orange, de viande de boeuf, de poulet, et de maïs.
Pour obtenir cette place, le Brésil a développé une agriculture de pointe, non exempte de pesticides et d’OGM, même si le Brésil tente, comme tous les pays, de relever les enjeux du développement durable.
C’est un des derniers pays au monde dont la frontière agricole – interne- continue de progresser. Et donc où le déboisement est encore intensif. Des terres situées en Amazonie, bien connue chez nous, et dans le Cerrado (2° plus grand milieu écologique d’Amérique du Sud après l’Amazonie) sont « colonisées » par l’agriculture, toujours plus invasive, et cet accaparement se fait à coups de crimes environnementaux et de vols de terres aux petits exploitants et aux populations que l’on qualifie d’autochtones … Pas bien joli tout ça.
La superficie du Brésil (environ 15 fois la France) et son étendue, 4395 km, du Nord au Sud lui permettent de cultiver et d’élever tout ce dont l’humanité a besoin, en terme de diversité alimentaire, sur son territoire. Deux tiers de sa production agricole est consommée au Brésil, le tiers restant est exporté.
Pour étendre encore et encore sa production agricole, le Brésil a mis au point nombres de variétés génétiquement modifiés, du machinisme de masse, l’utilisation de pesticides, en constante augmentation depuis 2009 – 1° utilisateur mondial depuis 2020. Et le gouvernement actuel a promulgué une loi facilitant l’importation de pesticides au Brésil en excluant les Ministères de l’Environnement et de la Santé des décisions d’autorisation d’importation … Gloups !!
Une concurrence déloyale …
Qu’est ce que cela veut dire pour nous, consommatrices et consommateurs ?
Que nos agricultrices-teurs ne pourront concurrencer des produits venus de l’autre côté de l’Atlantique, cultivés ou élevés de manière hyper intensive, et dont les taxes douanières vont être fortement diminuées voir annulées, comme pour les importations venant de Nouvelle Zélande ( accord passé totalement inaperçu l’année dernière).
Les salaires y sont bien inférieurs – environ 500 € pour un ouvrier agricole+logement par mois, les charges salariales au maximum de 14%. Les exploitations sont grandes et très mécanisées, et l’utilisation de produits chimiques y est plus que courante. Le Brésil est, comme dit plus haut, le premier consommateur de produits chimiques phytosanitaires et utilise encore 145 substances interdites en Europe. L’élevage utilise encore des hormones type Béta estradiol réputée cancérigènes et interdite chez nous, ainsi que des antibiotiques et des facteurs de croissance, ainsi que des farines animales … Pas glop …
J’ai parlé plus haut des coûts environnementaux et sociaux au Brésil, mais la perte de notre agriculture engendrerait les mêmes conséquences chez nous : perte d’exploitations par l’abandon des fermes et donc d’emplois, désertification des campagnes, comme en Espagne. Mais également d’une grosse partie des emplois de l’industrie qui vit, souvent sur le dos, de l’agriculture. Les terres non reprises iraient à l’agro-industrie, plus demandeuse de rendement que de respect de la terre et de la biodiversité. Cette campagne, souvent fantasmée par les citadins, serait à l’abandon : plus de chemin pour se promener, plus d’animaux dans les champs, des surfaces en jachères laissées à elles-mêmes, et surtout, une dépendance totale aux importations alimentaires dont on peut, à juste titre douter de la qualité.
Face à ce mastodonte de l’agriculture, les agriculteurs français, et européens, sont eux confrontés à des normes et des réglementations de plus en plus restrictives sur les questions des pesticides, des ogm, du bien-être animal.
Et c’est tant mieux, pour nous consomm-actrices/acteurs !
Vraiment pas faciles pour eux mais leur capacité d’adaptation et de résilience n’est pas à mettre en doute ! Nous avons la plus belle et la plus propre agriculture du monde. Il y a des améliorations à faire, mais elles sont déjà en route, si on ne laisse pas les groupes financiers, comme au Brésil, s’accaparer les terres.
La France est le premier pays européen en termes de surface cultivées en Agriculture Biologique. 11,5 millions d’hectares de prairies sont utilisés pour nourrir les vaches, moutons,chèvres. Et une prairie c’est entre 15 et 100 espèces végétales différentes, 110 kg de CO2 stocké par hectare et par an, 1 à 3 tonnes de vers de terre à l’hectare (hyper important les vers de terre !!), elle permet aussi l’infiltration de l’eau de pluie et limite donc les risques de ruissellement et inondations. Des projets d’agroforesterie sortent de partout, des pratiques de non-labours – Agriculture de Conservation des Sols, ACS- et autres pratiques de préservations du sol se pratiquent de plus en plus. Donc le changement en agriculture c’est déjà maintenant en France. Et tout ça ce sont les agricultrices-teurs qui le font pour vous !
Les opposants à l’élevage et autres petits bourges vegans trop nourris révoltés de canapé, devraient les soutenir, plutôt que de pratiquer l’agribashing et de s’introduire illégalement sur les exploitations. Mais c’est un autre débat.
La grande Europe, qui elle veut exporter ses voitures – même des Renault 😊, sa pharmacie et sa chimie – tiens tiens, ces mêmes produits que le Brésil importe ?- est prête à sacrifier son agriculture pour des pépettes, du flouze, des brouzoufs, du pognon encore et toujours… De plus les grands groupes financiers, propriétaires des terres brésiliennes à hauts rendements, sont peu enclins aux problèmes sociaux et environnementaux que leurs « productions » agricoles engendrent et sont liés de près ou de loin aux structures exportatrices de pesticides européennes. La boucle est bouclée.
QUE FAIRE POUR LES SOUTENIR ?
Et toi et moi consomm-actrice et consomm-acteur, que peut t’on y faire ? Et bien soutenir les agriculteurs dans leur combat – et d’après les médias tu es d’accord avec eux, mais surtout consommé local ! C’est le mieux ! Et pas seulement quand on est confiné ou bloqué ou je ne sais quoi . Tout le temps. Si on a pris l’habitude, et avoues c’était bon ces produits frais et sains , pourquoi ne pas continuer ?
Je ne dis pas que c’est facile, mais chaque geste compte. Et ne crois pas Michel Edouard quand il prétend faire tout son possible pour l’agriculture française. Il sera le premier bénéficiaire du Mercosur… Essaies au maximum de regarder d’où viennent les produits, d’acheter sur les marchés, dans les Amap, magasins de producteurs et toutes ces organisations – encore un boulot des agricultrices et agriculteurs – qui te feront manger mieux et bon.
Sans s’en rendre compte, car manger est un besoin de base que l’on fait souvent sans réfléchir, tous les jours, 3 fois par jour – parfois moins pour les moins chanceux et ça aussi ce n’est pas normal- tu as besoin des agricultrices et des agriculteurs. Sans eux nous ne sommes pas grand-chose. J’ai entendu récemment que l’autonomie alimentaire de Paris ne serait que de 3 jours. Heureusement que tous les agricultrices et agriculteurs de France sont là pour nourrir nos amis parisiens, mais aussi tout le pays.
Alors consomm-actrice, consomm-acteur, mange et bois Français (nous avons le meilleur vin du monde en plus) car ils ont besoin de toi !
Et ils le valent bien !!
Sources :
Le Brésil, puissance agricole : dynamiques récentes, projections, contradictions et fragilités (2006-2029)
Brasil potência agrícola: dinâmicas recentes, projeções, contradições e fragilidades (2006-2029)
Brazil, the agricultural powerhouse: recent dynamics, projections, contradictions and fragilities (2006-2029)
Eduardo Paulon Girardi
https://agriculture.gouv.fr/bresil
https://www.lesechos.fr/monde/ameriques/le-bresil-assouplit-la-reglementation-des-pesticides-1386867
https://agriculture.gouv.fr/prairie-et-elevage-un-vecteur-de-la-biodiversite
https://agriculture.gouv.fr/les-politiques-agricoles-travers-le-monde
https://terres-et-territoires.com/terre-a-terre/regards-bresil-un-mastodonte-agricole
https://www.cleiss.fr/docs/cotisations/bresil.html
1 commentaire
knockaert · 22 novembre 2024 à 10h13
Brillant,comme toujours