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LA NOTE D’ETAT CORPOREL : UNE ETAPE CLE DE LA SANTE DU TROUPEAU
LA NOTE D’ETAT CORPOREL : UNE ETAPE CLE DE LA SANTE DU TROUPEAU
On parle beaucoup de préparation vêlage à propos des vaches taries. Certes les dernières semaines avant mise bas sont importantes pour bien préparer la mise-bas : transition alimentaire, apport de Chlorure de Magnésium pour mieux mobiliser le Calcium au vêlage, pas trop de Calcium justement, limiter le sel pour éviter les œdèmes, ajuster les apports oligo éléments vitamines, etc etc …
Mais la préparation au vêlage commence …juste après le vêlage. Avec des mesures simples mais auxquelles il faut s’astreindre et s’entraîner : La Note d’Etat Corporel ou NEC. Mais qu’est-ce que la Note d’Etat Corporel ? Quelle est son importance ? Comment la mesurer ? Quand la faire ? Retour sur les bases
Qu’est-ce que la Note d’Etat Corporel ou NEC
La note d’état corporel (NEC ou BCS in angliche Body Condition Score) permet d’estimer l’état « d’engraissement » des vaches tout au long de la vie productive de la vache. On utilise une échelle de notation (1 à 10 pour les neo-zélandais -NZ- troupeau type kiwi – 1 à 5 système européen- EU) qui donnera l’état corporel de la vache à partir du vêlage jusqu’au tarissement. Cette note permet d’estimer les réserves graisseuses des vaches à différents moments de leur vie et de ce fait leur capacité à « encaisser » l’augmentation des besoins énergétiques comme le début de lactation, le pic de lactation et la période de reproduction.
Mais la surveillance de la Note d’Etat Corporel ne doit pas se faire qu’à ces moments-là. Car pour récupérer un point de NEC (entre 43 kg et 28 kg – 6.58 % du poids vif – selon la race) il faut compter au moins 6 semaines. D’où l’importance de fixer des dates d’estimation de cette NEC.
En ayant des objectifs d’état corporel, particulièrement avant puis au tarissement, avant la mise à la reproduction, on pourra prendre les mesures nécessaires à la reprise d’état ou au contraire, freiner la prise de poids de certaines vaches. Le suivi de la NEC est encore plus important pour les troupeaux en vêlage groupés. Effectivement, toutes les vaches vont vêler en même temps – sur 12 semaines- et se retrouver en période de reproduction en même temps. Si l’on veut réussir ces étapes sans trop de soucis sanitaires, la NEC est un outil primordial pour anticiper la santé globale du troupeau.
Les génisses ne sont pas en reste, car mêmes si elles sont pesées régulièrement, il faut que la couverture graisseuse et les réserves à l’arrivée au premier vêlage soient adaptées à la future production. En général, il faut que les génisses, mais aussi les premières lactations aient 0.5 point de NEC de plus que les vaches adultes. Et oui, une vache est adulte à 5 ans, donc avec des vêlages à 24 mois, les 2 premières années, la jeune vache doit encore finir sa croissance, tout en faisant du lait et des veaux. Donc un état corporel correct (5.5 note NZ /3.75 note EU) ne sera pas de trop.
Importance de la NEC
En Europe (EU), on comprend la Note d’Etat Corporel (NEC) entre 1 et 5 (bon à 1 la vache est quasi morte). On estime qu’une vache, en bon état, qui pourra bien supporter la montée en lactation, doit être à une note de 3.5 (3.75 pour les 1° lactations) à la mise bas.Les références pour cette notation sont la Holstein, la Normande et la Montbeliarde.
Pour les troupeaux pâturant en KIWI on se basera sur la NEC NZ qui note de 1 à 10, plus adapté aux systèmes pâturant KIWI car elle prend en compte les Jersiaises, les Frisonnes et les croisées type Kiwi. Comme ce sont mes vaches préférées, on va parler simultanément des deux notes : Kiwi et Françaises mais plus des kiwis bien sûr, la championne incontestée du pâturage. En kiwi on veut une vache à NEC de 5 au vêlage, 5.5 pour les génisses et les premières lactations.
Toutes les vaches, quelle qu’elles soient (même la KIWI, si si ) , sont en bilan énergétique négatif avant et jusque 2 mois après mise bas et vont perdre quasi un point de NEC (entre 28 et 43 kg selon les races) entre le vêlage et le période de reproduction.
Les trop grosses risquent l’encombrement du foie en maigrissant rapidement et les trop maigres n’auront pas assez de réserves pour supporter la mise en marche du système reproducteur. Mais les trop grosses ovuleront moins bien.C’est pour cela que la NEC est un outil indispensable à la bonne marche du troupeau.
L’état corporel joue un rôle dans la reproduction comme vu ci-dessus, mais également pour les boiteries par exemple. Les vaches qui maigrissent trop ou trop vite ont une fonte du coussinet plantaire, amortisseur naturel du pied, et présentent donc plus de boiteries. Les vaches trop grasses vont également être plus sensibles au niveau des pieds du fait du surpoids.
Les risques d’acétonémie sont plus élevés chez les vaches trop grasses, les fièvres de lait sont plus fréquentes chez les vaches trop grasses (+30%) ou les trop maigres (+13%). Les vaches trop grasses qui perdent trop de poids en début de lactation seraient plus sujettes au déplacement de caillette, ainsi que plus de non-délivrance et d’œdème mammaire.
Les vaches en bonne condition (5/5.5 NZ ou 3.5/3.75 EU) produiront plus de lait (environ 150 l par lactation) que les plus maigres ou même les plus grosses et le taux de gestation serait plus élevé d’environ 4%.
Les vaches trop maigres auront plus de difficulté à fabriquer un colostrum de bonne qualité. On ne va pas tout mettre sur les dos des grosses …
Comment mesurer la NEC sur son troupeau ?
Pas si simple en fait, car il faut le faire souvent, palper les vaches dans un premier temps pour estimer leur état et se « faire » l’œil. Avec l’habitude et l’entraînement on pourra ensuite faire une évaluation visuelle uniquement, en divaguant au milieu des vaches dans la prairie. Y’a plus désagréable comme contrainte …
Un bon exercice est de le faire à plusieurs, en tout cas au début pour s’entraîner. On forme un groupe et on va estimer 70 vaches dans chaque ferme. L’œil extérieur est toujours plus objectif sur l’état du troupeau que l’éleveur lui-même, c’est humain.Les « noteurs » certifiés n’existant pas encore en France, il faut donc s’entraîner souvent et sur différents troupeaux.
Le plus simple pour la note européenne, l’appli COW NOTES de chez Obione. Super intuitive et facile. Mais uniquement adaptée aux Holstein et Normandes…Dommage pour nos chères Kiwis que j’aime à la folie (pardon je m’égare).
Il faut donc, pour le moment sur les Jersiaises, Frisonnes et Kiwis, se faire SON œil à partir des modèles existants.
On utilisera les référentiels NZ , pragmatiques et faciles d’accès, but in english.
Certaines règles doivent être systématiques :
Pour la notation NZ – vaches Jersiaises/Frisonnes/Kiwis
Toujours regarder le côté droit des vaches, pour éviter une surestimation de l’état si le rumen est rempli.
On s’entraîne au palper sur une quinzaine de vaches de toutes les notes – 3 à 6 -régulièrement et on se fait l’œil.
On palpe les 8 points sur toutes les vaches sur lesquelles on s’entraîne : l’apophyse épineuse des vertèbres lombaires, les côtes, les apophyses transverses des vertèbres lombaires, la pointe de la hanche, la protubérance de la hanche en arrière (pointe de la fesse), le creux de la queue (ou fosse caudale), le creux du bassin sur les côtés (liaison colonne hanche),et l’arrière de la cuisse. On attribue une note entre 1 et 10 (avec possibilité de 0.5) à ces 8 points, et la moyenne donne la NEC de la vache.
On « mesure » au moins 70% du troupeau pour avoir une bonne moyenne (une fois l’œil habitué, cela ne prend pas plus de temps que la pesée des génisses).
Il faut que maximum 15 % des vaches soit en dessous de la note recherchée et maximum 15% au-dessus. Mais encore moins, c’est encore mieux.
Une vache au-dessus de 6 NZ est considérée comme obèse, une vache en dessous de 3 NZ doit être mise à part et auscultée, pour déterminer si son état est pathologique.
L’idéal est que l’état corporel entre la mise bas et la reproduction (et le pic de lactation) ne varie pas de plus d’un point.

Pour la notation européenne- vaches Holstein/Normandes/Montbéliardes
On regarde toujours le côté droit pour ne pas surestimer l’état.
Les points à palper/visualiser sont au nombre de 6 : 3 en avant du bassin : Apophyses transverses des vertèbres lombaires, la pointe de la hanche et le creux du bassin (liaison colonne hanche). A l’arrière la fausse caudale, les premières vertèbres coccygiennes, et la pointe de la fesse. Ces 6 points sont notés de 1 à 5 (avec possibilité pour un œil bien entraîné de variations de 0.5 voir 0.25) et la moyenne donne la NEC de la vache.
Une vache notée 2 ou sous 2 doit impérativement être auscultée.
Une vache au-dessus de 4 doit être rationnée car trop grosse.
Là aussi on cherche une variation de la NEC entre le vêlage et la reproduction la moins importante, c’est-à-dire une variation d’un point maximum.

Quand faut-il mesurer la NEC ?
Il faut la mesurer régulièrement, pour s’entraîner encore une fois, mais aussi pour connaître l’état physique de son troupeau et prendre les bonnes mesures afin que les animaux soient dans le meilleur de leur forme aux moments clés.
Commençons par le début : au vêlage pour déjà préparer le vêlage suivant. Effectivement la NEC au vêlage doit être la même qu’au tarissement. Les vaches ne doivent ni perdre, ni prendre pendant la période sèche. On estime qu’une vache qui supportera correctement la montée en production et la repro doit avoir une NEC NZ de 5 (5.5 les premières lactations) et de 3.5 EU (3.75 les premières lactations).
Comme déjà évoqué, autour de la mise bas – à partir de 3 semaines avant et jusque 2 mois après pour les vaches adultes- les mères sont en bilan énergétique négatif et vont donc OBLIGATOIREMENT perdre de l’état. Perte d’état qu’il faut limiter si on veut qu’elles soient en forme pour la période de reproduction. Mesurer la NEC avant la mise à la reproduction – 6 semaines avant par exemple- va permettre de mettre en place les stratégies pour « remonter » les trop maigres (complémentation, monotraite). Pour les trop grosses, ont diminuera la complémentation, mais si elles ne sont qu’à l’herbe, pas facile (Non Pâquerette, tu n’auras pas de dessert, et laisses un peu de paddock à tes cousines !). Faire la NEC au moment de la phase de reproduction donnera, certes, une information mais ne permettra pas de corriger les déficits ou les excès. Les objectifs à la mise à la reproduction sont de 4 NZ (4.5 pour les1°lactations) et 2.75 EU (3 pour les premières lactations).
Une fois la période reproduction passée on peut refaire un tour de NEC, qui aura augmenté de 0.25 voir 0.5 points si l’herbe est au top. Mais là c’est un peu du luxe, enfin pas indispensable, mais un bon entraînement. Et si c’est fait en groupe, l’occasion de se réunir au milieu de l’été. Ce qui n’est souvent pas désagréable !!
L’une des dernières mesures a son importance. En fin de lactation, 250 jours par exemple, il est important de bien déterminer l’état corporel du troupeau. Effectivement, la reprise d’un point de NEC peut prendre jusque 6 semaines. Donc jusqu’au tarissement. Encore une fois, si des vaches, et attention aux premières lactations particulièrement, ne sont pas en état, il faudra les remettre en état AVANT le tarissement, La reprise d’état au tarissement étant plus compliquée. Les leviers sont les mêmes, complémentation, monotraite, voir tarissement plus tôt. On prépare la future lactation à ce moment-là. Pas la peine d’épuiser les animaux en voulant absolument tirer du lait jusqu’au bout. Un bon départ en lactation sera bien plus rentable qu’une prolongation de lactation avec un effet délétère sur la vache.
On re-checkera au tarissement pour être sûr de l’état, mais la fenêtre pour refaire prendre du poids pendant le tarissement est courte, puisque les vaches ne prendront pas de poids dans les 10 premiers jours du tarissement et pas dans les 30 derniers jours (fin de la conception du veau et fabrication du colostrum + préparation de la lactation d’où le bilan énergétique négatif). Sur un tarissement de 60 jours, il reste 20 jours pour reprendre du poids. On vise donc comme objectif au tarissement 5 NZ pour les vaches ( 5.5 pour les premières lactations ) donc 3.5 EU ( 3.75 pour les premières lactations).
ALORS BODY CONDITION OR NOT BODY CONDITION ?
La Note d’Etat Corporel (Body Condition Score in English, so smart !) est donc un outil INDISPENSABLE de la santé du troupeau, autant que l’apport des oligo éléments et vitamines, que l’alimentation- dont elle dépend- que le suivi repro etc etc.
C’est certes une « gymnastique » qui peut paraître chronophage, mais sûrement pas une perte de temps. Ceux qui font déjà leur tour d’herbe hebdomadaire et leur feed wedge prendront vite l’habitude de scorer les vaches au paddock et d’estimer ainsi l’état de santé du troupeau. Avoir plusieurs personnes sachant estimer l’état corporel est un plus pour avoir un autre œil. Et la solution de demi-journées (ou plus si Barbecue !!) NEC sur les fermes n’est pas à déconsidérer. L’estimation de l’état du troupeau par un œil extérieur étant toujours bénéfique.
Alors à vos NEC, Prêts ? Scorez !!
Sources :
http://www.fidocl.fr/content/la-note-detat-corporel-nec-un-savoir-faire
https://extension.psu.edu/body-condition-scoring-as-a-tool-for-dairy-herd-management
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