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LA LUTTE : BIEN LA PREPARER POUR LA REUSSIR
La lutte dans le troupeau ovin est l’étape la plus importante de l’année.
Pas de lutte, pas d’agneaux, pas de lait, pas de revenus.
Même si la nature fait très bien les choses, une bonne préparation du troupeau pour la lutte ne s’improvise pas vraiment et les mesures à prendre commence dès le sevrage des jeunes de l’année.
Entre la surveillance des états corporels, les complémentations oligo-éléments/vitamines,la gestion des parcelles à allouer, le suivi parasitaire et le choix des mâles, mieux vaut planifier et commencer tôt pour éviter les mauvaises surprises.
L’ETAT CORPOREL : LE FACTEUR CLE
Peser ou ne pas peser ? Telle est la question !
L’achat d’un système de pesée a certes un coût important mais plutôt de parler de coût, il faut le considérer comme un investissement.
Ce système servira pour les brebis, bien sûr, mais aussi pour les agneaux, pour la repro, mais aussi pour le suivi parasitaire, pour la croissance des agneaux et des agnelles de reproduction. Donc à quasi toutes les étapes de la vie du troupeau !
Avec les systèmes actuels, les pesées sont rapides, précises, elles permettent de trier directement les animaux, la contention servira également pour les échographies, les traitements s’il y a lieu. Et tout cela en un temps record.
Un vieil adage dit que le temps c’est de l’argent, mais c’est surtout un confort de travail, donc de vie !
Comme me disait récemment un éleveur de la Sarthe Guillaume « 75 agneaux pesés, seul, en moins d’une heure, installation du parc compris, c’est royal quand même ». On ne peut pas mieux dire !
Autre solution, la Note d’Etat Corporel ou NEC.
Il faut le faire régulièrement pour avoir «la main » et estimer correctement l’état des animaux, d’autant plus avec la laine.
On prendra la NEC sur au moins 20% du lot avec un minimum de 15 brebis.
La NEC ne doit pas varier de plus d’un point pendant toute la vie de la brebis avec un idéal de variation entre 2.5 et 3.5.
Les brebis doivent perdre le moins d’état entre le sevrage et le début du flushing. Il sera plus facile de les maintenir à un état corporel correct, plutôt que de devoir rattraper au flushing une NEC très basse.
Pour le flushing on parle souvent de le commencer 6 semaines avant le début de la lutte. On lit parfois 4 semaines avant. Mais il faut savoir que pour rattraper 1 point de NEC – soit environ 5 kg – il faut compter 6 semaines avec des apports quasi triplés par rapport aux besoins d’entretiens ! Il faut de la très bonne herbe !
Le flushing pourra être continuer pendant la lutte. L’idéal étant de tourner en 24 h sur les meilleures parcelles 15 jours avant la date de lutte pour favoriser l’ovulation et 15 jours après pour favoriser l’’implantation de l’embryon.
La durée sera modulée selon chaque élevage et selon l’état des brebis, c’est un équilibre à trouver. Trop grasses -NEC supérieur à 3.5 – elles ne prendront pas faute d’ovulation, trop maigres – NEC inférieur à 2 – elles ne pourront reprendre de l’état avant la mise bas . Par contre on sait qu’une brebis qui reprend de l’état pendant le flushing sera plus fertile qu’une déjà arrivée au stade 3 au flushing.
Ne pas négliger les béliers bien entendu !
Les cocos vont perdre plus de 20 % de leur poids pendant la lutte , ils leur font donc de la réserve ! On perd soi-disant entre 600 et 800 calories en faisant l’amour, mais de là à perdre 20% de poids, il faut y aller !! Allez les gars au boulot !
Et pareil ni trop maigres – ils ne saillissent pas – , ni trop gros – ils pourraient avoir trop chaud et cela nuit à la production des spermatozoïdes. Et comme les brebis c’est la prise d’état pendant le flushing qui favorisera la production de bonnes gamètes. Par contre comme il faut 8 semaines pour produire des spermatozoïdes, il faudra donc commencer le flushing des béliers avant celui des brebis pour que ces messieurs soient en état le jour J .
OLIGO ELEMENTS ET VITAMINES : DES ALLIES INDISPENSABLES
Et oui ces petits éléments – trace elements en anglais car ils sont présents en petite quantité dans l’organisme – sont très importants pour la repro et on voit la différence lors de correction des carences
Une carence en Cobalt peut entraîner de l’infertilité jusqu’à l’anoestrus complet , et des baisse du taux de conception chez les brebis.
Le Cuivre est relié à la synthèse et à la sécrétion des hormones hypohysaires.
Une carence en Cuivre peut entraîner une baisse de production de GnRH , donc de libération de LH , et si pas de LH, pas d’ovulation !
Les troubles liés au manque d’Iode sont bien connus : Cycle irrégulier, voie de l’anoestrus et une moins bonne prolificité chez la brebis. De plus , cela jouera aussi sur la vigueur et la santé du futur agneau !
Le Manganèse , souvent négligé comme le Cobalt , est un précurseur du cholestérol. Qui lui permet la production des hormones oestrogéniques . Si pas d’oestrogènes, pas de repro , là c’est sûr .
Le Sélénium, avec sa coéquipière, la Vitamine E, est aussi très important. Et lors de carences ont a un moins bon taux de conception , plus de kystes ovariens et cela jouera aussi sur la délivrance et l’involution utérine , donc sur la repro de l’année d’après .
Le Zinc joue un rôle dans la croissance des follicules ovariens, dans la production de progestérone et dans le processus de nidation – attachement de l’embryon à la muqueuse utérine.
Comme vu plus haut la Vitamine E , mais aussi la Vitamine D3 , en tout cas leur déficit , peut provoquer un anoestrus.
La vitamine A est elle très importante pour l’intégrité des muqueuses – vaginales et utérines- mais elle a aussi un rôle dans le taux de conception – action sur les ovaires – et le développement de l’utérus.
Et les mâles bien sûr !
Le Zinc est indispensable à la production des spermatozoïdes et avec le Cuivre dans la stimulation de la libido ( j’en vois déjà qui recherche complément Zinc Cuivre sur le net 😉).
Une carence en Cobalt, en Cuivre et en Zinc peut freiner le développement testiculaire.
Le manque d’Iode jouera sur la libido et la qualité du sperme
Le Manganèse, précurseur du cholestérol, permet la fabrication de la testostérone.
Le Sélénium jouera également sur la qualité de la spermatogénèse, la fabrication des spermatozoïdes ,et la mobilité de ceux-ci.
La vitamine A par son effet protecteur sur les muqueuses – verge et prépuce- et son action sur les gonades – testicules – ne sera pas inutile.
La complémentation pourra se faire via des bolus avant la lutte idéalement 15 jours avant pour éviter les manipulations et stress ( comme la tonte) trop près de la lutte. Les bolus 6 mois couvriront ainsi la lutte et toute la gestation. Les agneaux auront une réserve d’oligo éléments et vitamines et seront plus vigoureux , et les mères produiront un meilleur colostrum. A la mise bas , une dose unique de drench oligo-éléments et vitamines , type Blast Off avec une action de 6 semaines , pourra être administrée aux brebis et aux agneaux. Les mâles seront eux supplémenter avant , au minimum 2 mois avant la lutte pour favoriser la libido et la production des spermatozoïdes.
Bolus Ovin/Caprin Rumbol – 5 Oligo Elements & 3 Vitamines – Action 6 mois
BOLUS MOUTON CHEVRE OVITOP 5 – 5 Oligo éléments – Action 6 mois
Blast Off buvable – Caprins, Ovins, Bovins – 4 Oligo-éléments + 12 vitamines
LA GESTION DES PARCELLES : GARDER LE MEILLEUR POUR LA FIN
Comme expliqué plus haut avec la NEC, l’important est d’éviter les trop grosses variations d’état entre le sevrage et la lutte. Il est assez difficile de rattraper un point de NEC – 5 kg sur 6 semaines soit environ 120 gr / jour de GMQ. Pour obtenir un GMQ de 50gr par jour , on devra augmenter les apports de 30% par rapport aux besoins d’entretiens, pour 100 gr de GMQ/jour on passe à 60% et pour 150 gr de GMQ /jour on doit doubler les apports par rapports aux besoins d’entretien !!
Comme on peut le voir sur le tableau de Beef and Lamb ci-dessous, les besoins des brebis à la lutte ( mating), 1200/1400 kg de MS/hectare pour des GMQ de 120/150 gr, sont proches de ceux d’une brebis suitée et son agneau ,1400/1600 kg de MS/hectare. C’est dire si les besoins autour de la lutte sont importants !
La rotation devrait se faire sur des parcelles de bonne qualité avec une entrée à 2200 kg de MS et une sortie à 1500 kg de MS. Elles doivent écrémer pour avoir le meilleur et éviter de descendre trop bas pour limiter le parasitisme.
Si les brebis peuvent être laissées 3 jours sur les parcelles au début du flushing, autour de 10 j avant le début de la lutte et 10 jours après, une rotation en 1 jours favorisera la prise de poids et peut permettre des gains de fécondité jusque 5 %.
On sait aujourd’hui qu’on peut obtenir 1 à 2% d’agneaux en plus par kg de poids vif pris pendant le flushing et la lutte . Si l’objectif est 1 point de NEC soit 5 kg, je vous laisse faire le calcul.
Attention quand même aux prairies de légumineuses : Le trèfle violet et le trèfle nain , ainsi que la luzerne d’automne ou de temps humide ( colonisée par des champignons) peuvent produire des phyto-oestrogènes qui peuvent induire des baisses de fécondité jusqu’à l’infertilité totale et des soucis de prolaspus vaginaux.
Le pâturage de couvert ne pose pas de soucis particuliers
LE SUIVI PARASITAIRE : A NE PAS NEGLIGER
Les parasites digestifs de type strongles peuvent impacter la lutte, pas directement bien sûr , mais en freinant la reprise de poids durant le flushing , mais aussi , avec les strongles anémiants , la forme générale.
On surveillera donc le FAMACHA avant la lutte si on sait que l’Haemonchus est présent.
On pèsera les brebis avant flushing ,car la parasitologie est fortement corrélée aux GMQ. Et on effectuera une coproscopie de mélange– prendre minimum 5 animaux et si possible 10% du lot – à ce moment là aussi, soit 6/8 semaines avant la lutte. Cela permettra de connaître le statut parasitaire du troupeau et de pouvoir traiter en conséquence.
Une coproscopie juste avant la lutte, selon les résultats de la précédente bien entendu et de la météo, sera aussi intéressante car l’on pourra encore traiter si besoin.
La suivante se fera 1 semaine, avant ou après la mise-bas pour estimer l’excrétion parasitaire des brebis autour de ce moment où l’immunité est souvent au plus bas. Ce phénomène est connu sous le nom de Pré Parturient Rise et l’on sait que les brebis, qui ont fabriqué un agneau et doivent maintenant faire du colostrum puis du lait, excrètent beaucoup plus de parasites à ce moment-là. Ce qui influencera aussi le futur parasitisme des agneaux.
ET ON OUBIE PAS LES BELIERS !! Coproscopie avant le flushing pour favoriser la repise d’état. Et en même temps que les brebis avant la lutte pour vérifier.
Ne pas oublier non plus que tout traitement doit être suivi d’une coproscopie de contrôle à 10 ou 15 jours selon la molécule utilisée, pour vérifier l’efficacité de la vermifugation.
LE CHOIX DES MÂLES : CHECK UP COMPLET POUR CES MESSIEURS !!
Qui dit repro dit mâles, mais attention aux introductions.
Le plus important est de bien vérifier qu’ils soient aptes à reproduire, donc de bonne taille et avec tout l’équipement en bon état :
On vérifiera donc que les testicules soient de même taille, sans aucune anomalie. Il faut donc mettre la main à la pâte – enfin au paquet – pour vérifier tout ça : Pas d’induration à la base ( suspicion d’épididymite voir d’orchite) , pas de masse en haut du testicule ( spermatocèle kyste qui pourrait gêner la reproduction) , pas de masse fluctuante à la base des testicules ( hernie inguinale) ,pas d’inflammation (suite d’infection cutanée) ou cicatrices (opération ou lésions) , pas de croûtes (la gale chorioptique peut se localiser au scrotum) , pas de lésions au prépuce (sortie sans difficulté de la verge en position assise), présence du filet vermiforme.
Pour un bélier apte à la reproduction, la circonférence des testicules doit se situer entre 25 et 35 cm ( Non messieurs , pas la peine de chercher le mètre ruban, vous en êtes très loin … ) , le poids des testicules se situe entre 100 et 300 gr ( NON ! pas la balance de cuisine non plus … ) selon la race , l’âge et la période de l’année.
Les jeunes béliers produisent moins de spermatozoïdes que les adultes, et sont moins chevronnés. On les mettra donc avec moins de brebis, une trentaine maxi sera suffisant pour les rookies . Alors que les mâles expérimentés pourront aller jusque 50 brebis ou une trentaine d’agnelles. Ce sont les chiffres habituellement avancés en France. Les anglo- saxons montent jusqu’à 150 brebis pour un bélier adulte expérimenté et 100 brebis pour un jeune mâle.
A la moindre anomalie, il faut écarter le bélier de la reproduction, pour éviter les mauvaises surprises.
Il faut bien sûr vérifier les aplombs qui doivent être bien droit, les pieds sans lésions, ni piétin bien sûr, le dos droit également, les masses musculaires bien développées, l’état corporel autour de 3.5 comme dit précédemment, la dentition – quand l’appétit va, tout va ! – l’absence de gale ou autres lésions de la peau ( myases).
Il vaut mieux connaître l’état sanitaire du bélier dans les 3 mois avant son introduction. Effectivement, le production de spermatozoïdes prend 2 mois . Au moindre problème sanitaire, fièvre surtout, la température des testicules va augmenter et le bélier devient stérile 14 jours après cette montée en température et le reste pendant 2 mois … Gare également aux fortes températures, même si on n’y peut pas grand-chose.
Tous les traitements préventifs – vaccins, vermifuges – ainsi que la tonte doivent être fait avant les 2 mois décisifs qui précèdent la lutte. Cela évite le stress autour de cette période, limite les réactions aux vaccins qui peuvent entraîner de la fièvre délétère sur la production des spermatozoïdes. La tonte sera bénéfique à plusieurs niveaux car elle limitera les coups de chaleurs – penser à bien dégager le scrotum et l’intérieur des postérieurs – et elle favorise l’appétit donc la prise de poids pendant le flushing.
Une sérologie , donc prise de sang , Brucella Ovis ne sera pas du luxe . Avec une mise en quarantaine jusqu’au résultat au moins.Effectivement, certains animaux peuvent être porteurs asymptomatiques et excréter de la brucellose via les urines, ou la transmettre aux brebis via le sperme. De plus , Brucella Ovis est néfaste à la qualité du sperme.
Et bien sûr une bonne complémentation oligo-éléments/vitamines , ils ont tous une effet sur la fertilité des mâles : le Cobalt, le Cuivre, de l’Iode, du Manganèse et du Zinc, ainsi que de la Vitamine A particulièrement.
En conclusion , la lutte, et avant elle le flushing, devrait être la période où l’on porte le plus d’attention au troupeau, mâles ou femelles.
Entre les NEC, les vaccinations, la vérification des aplombs, des éventuels traitements et les complémentations oligo-éléments/vitamines ainsi que la gestion des parcelles, les journées semblent trop courtes, et en plus le soir tombe plus vite …
Et l’agnelage me direz-vous ? Oui certes, mais avec une sélection de brebis maternelles et qui agnellent sans aide, ce ne doit pas être la période la plus stressante de l’année. D’ailleurs, pour les anglo-saxons , c’est la période où souvent ils partent en congés, laissant la nature faire son travail.
Et une lutte bien préparer avec des béliers au top et des brebis en état , c’est l’assurance de mises bas faciles, d’agneaux vigoureux sans besoins d’interventions, et donc moins de stress, pour les mères, les agneaux, le troupeau, et surtout pour l’éleveur . Du bien être global en définitive !
Sources Alliance elevage ; Beef and Lamb ; Interbev, Université Laval QUEBEC, Innovin , Alliance pastorale
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