Avant toute complémentation en oligo-éléments, le statut du cheptel devrait être connu. Différentes méthodes de dosages existent et sont préconisées sur le terrain. Comment s’y retrouver.
Pourquoi doser les oligo-éléments avant une complémentation. Parce que l’on peut souvent relier les carences en oligo-éléments aux pathologies rencontrées sur le troupeau. Il est établi qu’un manque de vitamine E -Sélénium et Iode peut favoriser les non-délivrances et d’immunité chez les veaux, qu’une carence en Cobalt entraînera des baisses de croissances et que les problèmes de boiteries peuvent être dus un défaut de Zinc-Cuivre-Manganèse. Il faut donc orienter les recherches en fonction des soucis rencontrés. Cela permet de réduire les coûts d’analyses et de réduire les coûts de la complémentation. Si le troupeau ne manque que de Sélénium et de Zinc, pourquoi apporter tous les autres oligo-éléments dans un complément alimentaire ?
A quel moment faire ce profil ? Pour les vaches laitières et allaitantes, la période du début de tarissement semble idéale. Elle permet de savoir où en est le troupeau et laisse du temps pour complémenter. La mise en plus d’une complémentation efficace permettra de remonter le statut oligo-éléments des mères, des veaux et d’améliorer significativement, en surveillant aussi l’état corporel des gestantes, la qualité du colostrum, donc le statut immunitaire de la nouvelle génération.
Pour les animaux en croissance, un profil avant la mise à l’herbe ou lors d’un reallotement ou si l’on constate un défaut de croissance permet de cibler la complémentation adéquate. Le suivi parasitaire à l’herbe reste indispensable et complémentaire du profil métabolique. Mais une déficience en Cobalt peut diminuer l’ingestion et donc la croissance. Une carence en Zinc jouera sur le développement sexuel des jeunes animaux , mâles ou femelles .
Comment effectuer les dosages ? Là est la grande question. Les dosages sanguins sont les plus répandus actuellement. Ils donnent une image immédiate du statut du troupeau. En général l’échantillon prélevé sur le lot à analyser est d’environ 5 animaux. Ce qui est assez peu. Il est plutôt préconisé de prélever 10 animaux du lot concerné et certains spécialistes pensent que 10 % des animaux devraient être prélevés pour que l’analyse soit représentative.
En individuel ou en mélange ? L’individuel permet certes de voir les variations, qui peuvent être importantes, dans le troupeau. Mais le coût est alors bien plus élevé. L’analyse de mélange donne un profil global et peut lisser, voir effacer, les carences qui peuvent exister. Surtout si elles sont réalisées sur un nombre restreint d’animaux. La tendance actuelle devrait donc être de réaliser une analyse de mélange, moins onéreuse, mais sur un échantillon étendu d’animaux, plus de 10 voir 10 % du lot testé.
Les analyses de poils sont préconisées par certains. Aujourd’hui, aucun consensus n’existe à ce sujet. Le poil fixe effectivement tous les oligo-éléments et permettrait d’avoir une vue de l’évolution des carences sur plusieurs mois. Mais tout dépend de la partie du poil analysé (plus ou moins proche de la racine), de sa phase de croissance, de l’endroit du corps de l’animal où il est prélevé. L’environnement proche de l’animal et du poil ( cellules de la peau, glandes sébacées , milieu de vie ) jouent un rôle important dans l’interprétation des analyses, surtout pour le Cuivre, le Zinc et le Manganèse. C’est une voie d’analyse d’avenir, simple à prélever, atraumatique mais moins précise actuellement.
Ces différentes analyses, sang ou poils, sont celles disponibles actuellement et sont de bons outils pour le suivi du troupeau, même si elles ne sont pas parfaites et ont chacune leurs partisans/détracteurs. Une récente étude américaine préconise que le dosage de tous les oligo-éléments via la biopsie du foie serait la méthode la plus fiable. Le foie est un organe de stockage et la biopsie est facile à réaliser bien que plus invasive. Le profil idéal serait obtenu en prélevant le sang de 10 animaux et une biopsie hépatique sur 3 animaux du lot.
Les profils oligo-éléments sont indispensables pour préciser le statut du troupeau, même si des signes (boiteries, non -délivrances, veaux mous, poil décoloré) peuvent faire suspecter des manques. Mais pas besoin d’attendre ces signaux pour faire un profil. La bonne santé du troupeau passe par les oligo-éléments et la complémentation doit être ciblée pour être efficace et économique.
Sébastien KNOCKAERT Vétérinaire Conseil chez VETSENS