La gestion du parasitisme au pâturage est un frein pour certains et ne peut plus, aujourd’hui, être réduite à des traitements en systématique. Il faut se positionner en tant que challenger : Anticiper, surveiller de près, être proactif.

La Météo

A la sortie de l’hiver, une partie de larves L3 infestantes ont survécu. Les larves sont moins sensibles au froid (elles survivent sous la neige) qu’au sec. Mais un hiver doux favorisera une émergence rapide et importante des L3 à la sortie de l’hiver. Au-dessus de 12 °C, et avec de l’humidité (comme cela peut arriver au printemps), elles reprennent vite leur activité et sont déjà infestantes.

Un été sec est peu favorable au parasitisme. Les L3 résistent beaucoup moins bien au sec et l’herbe plus rase à cette période les met plus à découvert. Mais attention, ces larves sont capables de s’enterrer jusqu’à 10 cm de profondeur et de ressortir dès que la pluie revient. Les éleveurs australiens, pays que l’on peut qualifier de sec, connaissent bien ce phénomène.

La météo est donc un paramètre très important. Aucune prévision n’est possible à long terme et traiter systématiquement aux mêmes périodes, est une ineptie.

Gestion du pâturage

Les animaux les plus sensibles sont les plus jeunes. On estime que 90 % de la contamination des pâtures vient des animaux de moins de 9 mois, il faut au moins 8 mois de contact parasitaire pour développer une bonne immunité !
On sait également que le lait aurait la propriété d’inhiber le développement des larves L3 en L4 ( source Massey University NZ ). A raison de 500 ml par jour par veau, la solution milk bar ou mère nourrice au pâturage a aussi cet avantage.

Il faut tourner vite sur les parcelles- 24 /48 h – pour limiter l’ingestion de L3. Et l’herbe ingérée, si les stades d’entrée sont respectés, sera de grande qualité et favorisera une bonne immunité.

Les parcelles doivent être les plus saines possibles au départ : neuve, fauche, pâturage par des adultes bien immunisés ou d’autres espèces -ovins, chevaux. Le bloc jeune animaux devrait être changé tous les 3 ans.
La flore a son importance. Les L3 ont une très bonne survie sur l’agrostis (humidité à la base), le Ray Grass est moins favorable, et les flores d’été (Luzerne, Plantain, Chicorée) plus espacées encore moins.

La hauteur de sortie (1500 kg de MS) doit être respectée, puisque 80 % des parasites se concentrent sous les 5 cm. Un retour à plus de 3 semaines permettra aussi de réduire de 80 % la charge parasitaire de la prairie.

Pour ce faire, le système techno-grazing (couloir) est un excellent outil de gestion de l’herbe, de la croissance des animaux mais aussi du risque parasitaire.

Surveillance des animaux

La partie consacrée aux animaux reste la plus importante.
Les génisses doivent être pesées tous les mois. En effet, le premier signe du parasitisme des jeunes animaux est une baisse de l’ingestion, et donc une stagnation voire une baisse du GMQ. Il faut donc tout noter, classifier, analyser.
Il faut particulièrement surveiller les queues de lot, les plus maigres ou à faible croissance, qui ne doivent pas excéder 20 % du lot. Si cette proportion augmente ou que des baisses de GMQ importantes sont constatées, il est plus que temps d’agir !

Des coproscopies doivent être entreprises. Le mélange est possible si on prend 10 % des animaux ou au moins 10 animaux sur les petits lots. L’analyse par le vétérinaire, ou par un système FECPACK ( voir encadré) sera très rapide. L’analyse en laboratoire est plus complète mais les résultats plus tardifs.

D’autres signes- poil terne, décoloré, hirsute, arrière-train souillé- sont évocateurs de parasitisme mais trop tardifs pour être fiable.

Traitement Raisonné

Il faut éviter le traitement systématique du lot. En cas de résultats de coproscopie élevés on traitera les plus moches. On laissera 2 % du lot non traité (5 % en mouton) pour laisser des animaux porteurs de parasites non résistants
Si les résultats sont bas, il faut recontrôler 4 semaines plus tard pour s’assurer que la charge parasitaire reste supportable.

On évitera la méthode du Treat and Move (on traite et on change), les animaux traités pouvant excréter des parasites résistants sur la nouvelle parcelle.

L’utilisation des formes Pour-On ou Longue Action est à proscrire. Elles engendrent le plus de résistances à court terme.

La voie injectable est possible, mais la voie orale soit la plus appropriée. Il faut bien sûr adapter la posologie au poids de l’animal et sur un lot, se baser sur l’animal le plus lourd.

Quelque soit le traitement effectué, une coproscopie de contrôle (Test de Reduction d’Excretion Fecale-TREF) sera faite 10-15 jours après le traitement, une 3 ° à 4/5 semaines post traitement.

En France on estime qu’un TREF supérieure à 95 % (c’est-à-dire une réduction du nombre d’œufs avant et après traitement de 95 %) est un bon indicateur de non résistance. Dans les pays où de fortes résistances sont installées (Brésil, Australie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas), le TREF doit être de 100 %, sinon la résistance parasitaire est déjà en train de s’installer…

La gestion du parasitisme au pâturage est donc bien un challenge, qui nécessite un pilotage très fin et de la technicité. Et pour rester dans la maîtrise et l’anticipation du risque parasitaire, il faut garder la position du challenger car toutes les années sont totalement différentes parasitairement parlant. Mais au vu des croissances réalisées à l’herbe, cela vaut vraiment le coup !

Suite à cet article Webinaire avec TECHION ( FECPACKG2 ) qui confirme. La gestion du parasitisme c’est du management et la coproscopie est un outil très utile de décision
Il faut en faire très régulièrement , en refaire si elles sont basses pour vérifier, en faire après traitements pour vérifier l’efficacité !

Les années ne se ressemblent pas
Il faut cartographier ses résultats !
https://www.techion.com/FECPAKG2

Sébastien KNOCKAERT Vétérinaire conseil chez VetSens

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